Home INNOVATION AFRICATECH Delphine Remy-Boutang : « Avec le taux le plus important de femmes entrepreneurs au monde, ce start-up continent regorge d’une formidable énergie positive d’une jeunesse ambitieuse »

Delphine Remy-Boutang : « Avec le taux le plus important de femmes entrepreneurs au monde, ce start-up continent regorge d’une formidable énergie positive d’une jeunesse ambitieuse »

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Delphine Remy-Boutang : « Avec le taux le plus important de femmes entrepreneurs au monde, ce start-up continent regorge d’une formidable énergie positive d’une jeunesse ambitieuse »

Le 13 Juin aura lieu à l’hôtel Pullman Dakar Teranga la toute première édition de la La Journée de la Femme Digitale en Afrique, rendez-vous incontournable d’Entrepreneures et de femmes évoluant dans la technologie. Afrique Jeune Entrepreneur, partenaire de cet évènement est allé à la rencontre de Delphine Remy-Boutang, CEO the bureau et co-fondatrice de La Journée de la Femme Digitale.

Présentez-nous la Journée de la Femme Digitale, son historique ?

C’est en 2013 que je co-fonde La Journée de la Femme Digitale, qui est devenu en 7 ans un rendez-vous pour start-ups et leaders pour célébrer l’innovation au féminin. Un événement inspirant pour donner envie aux femmes, d’oser, d’innover, d’entreprendre (ou intraprendre) grâce au digital, aux nouvelles technologies et de créer un monde plus juste et plus créatif.

La Journée de la Femme Digitale, c’est aussi un club fondé en 2016 : 

Le JFD Club est un acteur de la promotion de l’entrepreneuriat et de l’innovation au féminin. Il fonctionne toute l’année avec des événements mensuels

C’est un réseau exclusif d’environ 500 femmes pour networker, échanger, partager, avec des personnalités renommées du digital, des visites privées, des invitations à des événements exclusifs tels que des avant-premières culturelles mais surtout un lien permanent pour mettre en commun notre inspiration du futur

Parce qu’innover c’est d’abord échanger. Echanger son expérience avec les autres, transmettre les bonnes pratiques, les succès. Nous voulons créer des synergies de travail, d’entraide, de soutien où chacune apporte ses qualités. Le JFD Club est un lieu de rencontres et d’échanges en faveur de l’innovation.

En 2018, nous avons lancé La Fondation Margaret, qui soutient les projets de femmes engagées, notamment en proposant des bourses et des formations pour les jeunes femmes souhaitant s’orienter dans les métiers de l’innovation et les sensibiliser à l’entrepreneuriat dans les lycées pour augmenter le nombre de femmes dans le numérique.

Lien : https://www.capital.fr/votre-carriere/jfd-club-le-repaire-des-femmes-du-numerique-1284765

A l’occasion de la 7ème édition à Paris, le 17 avril dernier à la Maison de la Radio devant une  audience de 563 000 personnes (on et off line), nous avons lancé le « Manifeste pour un monde digital inclusif », signé par une quinzaine de grands groupes qui se sont fixé des objectifs à respecter en faveur de la mixité et la féminisation des métiers dans le numérique.

Lien https://www.challenges.fr/femmes/plaidoyer-pour-un-monde-digital-plus-feminin_653560

Pourquoi cette journée et quels sont ses objectifs ?

7 ans après notre première édition, notre conviction selon laquelle les femmes, les hommes, tous secteurs confondus doivent s’unir, ne cesse de se renforcer face à ces défis urgents et vitaux d’une société plus inclusive. C’est la raison pour laquelle nous rassemblons chaque année les acteurs de l’écosystème numérique pour ouvrir la voie vers un futur où les femmes, cette moitié de l’humanité, feront la différence. Donner aux femmes leur juste place dans le numérique, c’est donner au monde une véritable chance d’adresser efficacement ses grands enjeux.

Une édition a déjà été organisée à la maison de la radio le mois passé, quelle a été votre impression sur les lauréates du Prix les Margaret ?

Nous avons remis à la Maison de la Radio le Prix les Margaret à deux femmes digitales exceptionnelles. A travers ce prix que nous rendons hommage à Margaret Hamilton, célèbre informaticienne de la NASA qui a contribué au premier pas de l’homme sur la Lune, mais surtout nous mettons en avant davantage de rôles modèle.

La sélection a été extrêmement difficile cette année, tant par la qualité des projets, solidité des business modèles, que par la force de conviction de ces entrepreneures européennes et africaines. Nous avons reçu plus de 200 dossiers. Le jury un concentré d’experts du numérique et de l’entrepreunariat ont élus à l’unanimité deux Margaret : Catégorie Europe et catégorie Afrique. Ainsi qu’un coup de coeur du jury et une Margaret d’honneur.

Julie Davico-Pahin, co-fondatrice d’Ombrea, outil de régulation climatique clé en mains, adapté aux cultures sensibles aux aléas météorologiques (Femme Digitale de l’année Europe) et Arielle Kitio, fondatrice de CAYSTI, qui forme au Cameroun des jeunes, essentiellement des jeunes filles au codage (Femme digitale de l’année Afrique).

Rebecca Enonchong fait partie des 50 africains les plus influents a été nommée “ Margaret d’honneur » juste récompense de son esprit d’initiative et de son sens de l’innovation. Elle est à la tête du conseil d’administration d’Afrilabs, un réseau panafricain de plus de 50 centres d’innovation technologique présents dans plus de 20 pays.  Elle est la fondatrice d’AppsTech, une société spécialisée dans les logiciels de gestion d’entreprise et présente dans une cinquantaine de pays sur trois continents. Elle a été classée parmi les dix femmes « Tech Fondateurs » à suivre en Afrique par le magazine Forbes en 2014.

Les femmes doivent coopter d’autres femmes. Et parce qu’internet n’a pas de frontière, il nous faut construire un monde en commun. Bâtir des ponts entre les continents, entre ces femmes entrepreneurs. Il faut que nous le fassions en Europe, mais aussi avec ce continent proche et lointain : L’Afrique. Le berceau de l’humanité qui peut en devenir le destin. Avec le taux le plus important de femmes entrepreneurs au monde, ce start-up continent regorge d’une formidable énergie positive d’une jeunesse ambitieuse.

https://www.linkedin.com/pulse/lancement-de-la-7ème-édition-journée-femme-digitale-à-remy-boutang/

Vous avez choisi Dakar pour une première édition de la Journée de la Femme Digitale en terre africaine cette année, pourquoi ce choix ?

Nous avons choisi de lancer notre première édition en Afrique, au Sénégal, car le pays affiche des ambitions fortes, avec un renforcement de sa politique dans le développement des nouvelles technologies par la mise en place du plan stratégique « Sénégal numérique 2025 », la création de son Conseil National du Numérique ou encore l’aménagement de zones WIFI gratuites dans la ville de Dakar, dans le cadre de l’initiative Dakar Digital City.

Il était important pour nous de célébrer l’entrepreneuriat et les talents féminins de la Tech dans ce pays qui multiplie les actions pour faire du digital un levier de développement incontournable.

Dakar fait partie du top 10 des villes les plus high tech d’Afrique et nous aurons d’ailleurs l’occasion d’approfondir le sujet le 13 juin avec l’intervention de Soham El Wardini, première Maire de Dakar.

Quel sera le programme de la journée ?

La première édition de La Journée de la Femme Digitale en Afrique aura pour thème « Elles Changent le Monde » et se tiendra les 13 et 14 juin à Dakar, Sénégal.

Au programme de cette 1ère édition, formation, confiance et financement avec pour objectif d’accélérer la mixité dans le monde du digital et de bâtir des ponts entre ces femmes entrepreneurs entre l’Europe et l’Afrique.

Le 13 juin, c’est au Pullman Dakar Teranga que tout se passera.

Parmi les speakers annoncés de la Journée de la Femme Digitale à Dakar, plusieurs leaders ou entrepreneurs de renom du digital : Yacine BARRO-BOURGAULT directrice générale Microsoft pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Diana BRONDEL, fondatrice de Xaalys, Virginie DIAS-TAGNON, directrice des ressources humaines du groupe l’Oréal en Afrique, Nafissatou DIOUF, fondatrice de SenVitale, Momar NGUER, Président de la division Marketing & Services  et membre du Comité executif de Total ou encore Afua OSEI, co-fondatrice de She Leads Africa.

La Ministre Sénégalaise de l’Économie numérique et des Télécoms, Ndeye Tické NDIAYE DIOP et Babacar KANE, Directeur Général d’IBM pour l’Afrique de l’Ouest, remettront le Prix les Margaret à Arielle Kitio (CAYSTI) et un Margaret d’honneur à Rebecca Enonchong (AppsTech).

Pour découvrir l’intégralité du programme et les speakers du 13 juin : https://lajourneedelafemmedigitale.fr/jfd-dakar/

La journée du 14 juin sera quant à elle consacrée à la découverte de l’écosystème à la pointe de l’entrepreneuriat et de l’innovation technologique à Dakar. Nous embarquons une partie des participants de l’événement de la veille sur notre JFD Learning Expedition en partenariat avec Orange-Sonatel, qui fera étape à :

La Sonatel Academy, 1ère école de codage gratuite du Sénégal, fait partie des acteurs clé du secteur qui ouvriront leurs portes à la #JFDLearnEx, organisée avec participation de plusieurs femmes digitales influentes de la sous-région. Jokkolabs, le 1er espace de travail collaboratif d’Afrique de l’ouest, le Lab innovation de la Société Générale mais aussi le CTIC, un des incubateurs les plus performants de la sous-région, la plateforme Kinaya Lab, le Festic qui s’intéresse aux TIC et aux acteurs du développement, le Fodem ou Fonds de développement et de solidarité municipal de Dakar, et l’Institut Français Léopold Sédar Senghor feront de même.

Outre ces visites, la JFD Learning Expedition (#JFDLearnEx)  permettra à ses participants d’expérimenter les dernières innovations mais aussi d’échanger avec des investisseurs et des entrepreneurs locaux.

Comment participer ?

C’est très simple, pré-inscrivez-vous ici : https://lajourneedelafemmedigitale.fr/billetterie/

Vous avez rencontré beaucoup de femmes entrepreneures ou évoluant dans le digital, qu’est ce qu’elles vous disent et quels sont ses différents souhaits pour l’épanouissement d’une femme dans ce milieu ?

En évoquant avec ces femmes leur quotidien et leur sous-représentation dans le digital, les mots qui reviennent sont, formation, confiance et financement.

D’abord la formation qui est une rampe d’accès aux meilleures opportunités et un accélérateur de carrière. Elles doivent concevoir la formation comme un réflexe continu pour mieux saisir les évolutions technologiques.

Alors la formation oui, mais pas à l’extrême, car je rencontre souvent des femmes qui souffrent du syndrome de la bonne élève. Elles se mettent des barrières parce qu’elles n’ont pas le diplôme pour ou les compétences recommandées. Sur notre dernière étude menée avec Capgemini Invent France, nous avons interrogé plus de 1000 femmes entrepreneures et intrapreneures. Elles s’accordent sur le fait que la confiance en soi se construit avec l’expérience et c’est l’un des piliers des postes à responsabilités. Accompagnée d’envie, la confiance est ainsi une composante clé du succès.

Je conclurai en évoquant la question du financement. Les entrepreneures que je rencontre savent que le recours au financement est une étape importante pour accélérer leurs projets, mais elles s’autocensurent plus que les hommes quant aux montants demandés, au risque de freiner leur développement. Notre étude a révélé que sur les 50% de femmes ayant eu recours à une demande de financement les 6 derniers mois, 62% des demandes étaient inférieures à 250 000 euros, alors que l’on observe le contraire chez les hommes.