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L’emploi après les études : le chômage, une dure réalité

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L’emploi après les études : le chômage, une dure réalité

Alors que les prévisionnistes affirment que l’Afrique comptera près de 2 milliards d’habitants, le continent se prépare à accueillir une forte augmentation du nombre de jeunes diplômés sur le marché du travail. Contre le chômage, certaines structures se mobilisent pour favoriser l’employabilité des jeunes diplômés à défaut de ne pas les amener vers la voie de l’entrepreneuriat.

L’Education est la mère des batailles pour toute société qui aspire en l’avenir. Cette vision est largement partagée par les acteurs des sphères publiques et privés sur le continent africain. C’est dans cet esprit que le chef d’Etat béninois, Patrice Talon, a mis en place le Programme d’Action du Gouvernement afin de soutenir la création d’emplois viables dans le pays du royaume de Dahomey. Selon le rapport de la commission économique pour l’Afrique aux Nations unies: le taux de sous-employabilité au Bénin serait de 72% dans le seul secteur agricole qui représente pourtant plus de 32% du PÏB. Face à ce challenge, Cotonou s’appuie aussi sur sa société civile pour relever le défi de la création d’emplois dans le pays. «Nous sommes sortis diplômés de l’université agricole de Kétou en 2016. Avec mes associés, nous avons utilisé les bourses d’étude qui nous ont été versées pour constituer un capital en banque pour notre entreprise après avoir inauguré le réseau des jeunes ambassadeurs de l’agriculture diversifiée», explique Amovi – jeune entrepreneur béninois dans le secteur agricole. Puis il poursuit : «Grâce à cette somme d’argent, nous avons pu investir dans l’acquisition du matériel nécessaire pour démarrer nos travaux maraîchers ainsi que la pisciculture », conclu-t-il.

L’agriculture et le numérique en tête des priorités

Hormis l’agriculture, c’est aussi dans le secteur du numérique que la société civile prend pleinement sa part pour l’émergence du pays avec parfois le concours d’acteurs basés hors des frontières béninoises. Gilles Picozzi, Secrétaire Général de l’Orageu, (Ordre Africain des Grandes Ecoles et des Universités) a mis en place un système de formations à distance dont ont bénéficié près de 15 000 étudiants : «Notre objectif est de rendre les étudiants davantage en phase avec les besoins des professionnels », détaille Gilles Picozzi. Puis il indique: «Nous formons aussi les jeunes à l’entrepreneuriat par les nouvelles technologies et aux emplois qualifiés», dit-il. Ainsi, l’Orageu – constitué d’une dizaine de membres – vient en complément des programmes universitaires mis en place par les facultés. «On a équipé un centre d’une antenne qui permet aux étudiants établis dans plusieurs villes de suivre les cours de visioconférence à distance grâce aux 5 000 ordinateurs distribués pour chacun d’entre eux », indique Gilles Picozzi. Puis il continue : «Au départ de cette aventure, il nous a fallu effectuer une enquête de terrain. Nous avons ainsi loué un autocar qui a sillonné les routes du Bénin pendant plusieurs semaines. Nous avons effectué des enquêtes d’opinions auprès de notre public cible pour connaître ses attentes», explique Gilles Picozzi. Et selon ces études, il ressortait clairement que de nombreux jeunes ne pouvaient se rendre dans les facultés pour étudier leurs matières, faute de moyens financiers et de places dans les universités. La structure principale située dans le centre de Cotonou, la capitale économique du Bénin, continue cependant d’attirer plusieurs centaines d’étudiants chaque année.

L’Education face aux défis sécuritaires

Si les initiatives ne manquent pas pour développer la qualité des formations dispensées, ces ambitions se heurtent néanmoins à un problème de taille : le défi sécuritaire. Selon un rapport de l’UNICEF, ce seraient près de 9272 écoles qui auraient fermé leurs portes en juin 2019. Plus d’un million de jeunes serait impacté par cette situation en Afrique de l’Ouest et 44 000 enseignants sont ainsi par définition au chômage technique. A terme, si la situation venait à durer dans le temps, cela pourrait impacter négativement les économies de la sous-région dont la croissance pourrait être stoppée net par le manque de personnel diplômé et qualifié dans les prochaines décennies. Face à cette réalité, la Banque africaine de développement mobilise d’importants moyens financiers pour endiguer ce phénomène. Selon un récent rapport de l’institution, elle aurait investi pas moins de 2 milliards de dollars depuis 2005 dans ce domaine.